Crème solaire : dans les coulisses de la fabrication d'un indispensable de l'été

L’été, installé depuis seulement quelques jours se fait sentir. L'air est lourd, le soleil cogne. Un climat propice pour s’intéresser de plus près aux étapes de fabrication d’une crème solaire, en poussant la porte du Centre Mondial Recherche & Innovation du groupe L’Oréal installés en région parisienne (Chevilly) où nous attend Matthieu Cassier, Directeur International des laboratoires de développement solaires. 

10 ans de recherche, 3 ans de test, 800 essais pour une crème solaire

D’emblée, l’expert aux yeux bleus pétillants nous lance : « Je suis passionné par mon travail même si celui-ci est colossal. Il faut savoir, avant tout, que la fabrication d’une crème solaire peut parfois demander 10 ans de recherche, 800 essais, une centaine d’experts et 3 ans de test. » Il détaille : « Pour garantir la qualité et la performance de nos produits, nos tests sont extrêmes : plusieurs milliers de consommateurs, températures jusqu’à 100°C, conditions de transport… » De quoi annoncer la couleur !

Pour garantir la qualité et la performance de nos produits, nos tests sont extrêmes : plusieurs milliers de consommateurs, températures jusqu’à 100°C

« Une crème solaire c’est comme une voiture : le système filtrant est le moteur, la texture, la carrosserie »

Mais pourquoi donc un produit solaire demande-t-il tant de temps et d’énergie ? Habitué à vulgariser son travail, Matthieu explique en une comparaison parlante la composition d’une crème solaire : « J’aime comparer une crème solaire à une voiture : le système filtrant est le moteur et la texture, la carrosserie », avant de reprendre : « Les composants sont simples, presque semblables à une crème de jour : de l’eau, des gouttes d’huiles pour créer une émulsion aqueuse, des antioxydants comme la vitamines E, des épaississants qui augmentent la viscosité de la crème, des conservateurs quand ceci est nécessaire et bien entendu des filtres ultraviolets pour lesquels on adapte la dose en fonction de l’indice de protection désiré. » En apparence, rien de bien sorcier.

Néanmoins, « La grande difficulté réside dans l’alliance de ses composants. Par exemple, un système filtrant n’aura pas la même protection dans deux textures différentes. Il faut parvenir à réunir tous les critères sans perdre un seul bénéfice de la crème : protection souhaitée, sécurité, efficacité, confort et résistance à l’eau. Et même avec l’expérience et les connaissances, lors de la fabrication, il est parfois complexe de prédire le résultat. »

Il faut parvenir à réunir tous les critères sans perdre un seul bénéfice de la crème : protection souhaitée, sécurité, efficacité, confort et résistance à l’eau

1936 : la première protection solaire cosmétique par L'Oréal

Une expérience et des connaissances aujourd’hui bien loin de celles du premier produit solaire créé en 1936 par L’Oréal – la fameuse huile ambre solaire d’un niveau de protection 6, ayant pour slogan « Brunir sans brûlure » - à la demande du fondateur de L’Oréal, le chimiste Eugène Schueller, las d’attraper des coups de soleil sur son voilier. En effet, depuis, de grandes avancées ont permis de proposer des crèmes solaires plus pointues : « Des années 60 à 80, les produits solaires étaient principalement synonymes de plaisir, de bronzage amélioré et prolongé, avec des indices de protection faible », raconte Matthieu Cassier.

Les huiles solaires ou le renouveau de la protection anti UV

Peu à peu, les notions de danger relatif aux UV et de protection sont néanmoins apparues. En 1995, le groupe L’Oréal, précurseur, met ainsi au point le premier filtre photostable qui permet d’obtenir de très hautes protections et qui lutte efficacement contre les rayons UVA (qui peuvent causer des dommages cellulaires, des rides, des pigmentations) et UVB  (qui risquent de provoquer des érythèmes soit des rougeurs pouvant évoluer en cancer de la peau) : le Mexoryl.

« Actuellement, même les huiles solaires dotées de ce filtre protègent du soleil », se réjouit Matthieu Cassier avant d'ajouter : « Plus récemment encore, les scientifiques ont ajouté des boosters qui aident les filtres à absorber et à dissiper les rayons UV en perturbant leur trajet, tels des miroirs, afin que ceux-ci perdent de leur énergie une fois arrivés à leur cible. »

Grâce à ces fameux boosters, il est désormais possible de mettre moins de filtre dans une crème solaire et d’obtenir ainsi une texture plus légère, fluide, facile et agréable à étaler. Ce dont se félicite l’expert : « La sensorialité est améliorée. La crème n’est plus blanche, laiteuse, grasse ou encore collante. »

Actuellement, même les huiles solaires dotées de ce filtre stable (Meroxyl) protègent du soleil 

L’anti sable, la nouveauté qui fait mouche !

Cette année, le groupe L’Oréal a ainsi proposé 3 innovations majeures en terme de produits solaires : le Lait Peau Mouillée Resisto Enfant FPS 50 , applicable sur peau mouillée et la Brume sèche anti-sable Resisto Enfant FPS 50+ de Garnier Ambre Solaire , (pour éviter l’effet poisson pané sur la plage !), et la crème solaire Sensitive Expert toujours chez Garnier avec Ambre Solaire, capable de protéger la peau contre les UVB, les UVA, les UVA longs et même les infrarouges : « Enrichie en antioxydants, celle-ci préserve la peau contre les radicaux libres. Elle protège alors des coups de soleil, des taches solaires, du vieillissement prématuré et du dessèchement de la peau. »

Bien que de nombreuses avancées ont vu le jour, Matthieu Cassier a encore quelques challenges devant lui. « Réussir à sensibiliser et séduire les adolescents ainsi que les hommes (ceux sans enfants) qui appliquent encore trop peu de protection solaire » mais aussi « s’adapter aussi le plus possible à la vie réelle du consommateur. C’est-à-dire de prendre en compte tous les facteurs tels que l’eau, le sable, lui faciliter la prise en main de la crème mais aussi son application. On rêverait qu’il suffise d’appliquer seulement une goutte de crème sur la main afin que le corps entier soit protégé ! » Des innovations en forme de défis quotidiens pour l’expert et son équipe, concentrés sur un seul objectif : protéger efficacement un maximum de monde des méfaits du soleil.

Pour rappel, chaque année, 80 à 90 000 nouveaux cas de cancer de la peau sont diagnostiqués en France – soit 219 personnes atteintes chaque jour - d’après une étude menée en 2011 par l’Institut National du Cancer (INCa) avec l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) et le ministère de la Santé. Loin d’être une coquetterie, la protection solaire cosmétique est actuellement l’une des alternatives les plus efficaces pour s’en prémunir. A vos sprays !